25 février 2017
Instruments de torture
À la fin du XIXe siècle, beaucoup de médecins croyaient que l’énergie vitale de l’homme était contenue dans ses spermatozoïdes. Chaque éjaculation emportait un peu de vie et rapprochait l’insouciant jouisseur de sa tombe. Le jeu en valait la chandelle quand il s’agissait de perpétuer l’espèce humaine ; mais c’était suicidaire quand il s’agissait de répandre sa semence en pure perte ! La Science confirmait enfin l’Église dans sa condamnation de la masturbation, l’homosexualité, et toutes les autres pratiques non fécondes que l’on peut imaginer.
Dans l’Angleterre Victorienne et dans la puritaine Amérique, des médecins affirmèrent doctement, cas cliniques à l’appui, que la masturbation rendait sourd, débile, rachitique, dépressif et conduisait à une mort prématurée ; puis ils inventèrent appareils et techniques pour s’assurer que les jeunes garçons ne risquaient pas leur vie en s’abandonnant à cette pratique.
1. Simple et efficace : un anneau avec des dents tournées vers l’intérieur, d’un diamètre étudié pour que les dents restent inoffensives lorsque le sexe était au repos mais pénètrent la chair à la moindre turgescence. Le Dr Freud qui théorisait la phobie du « vagin avec des dents » a dû adorer.
2. La fin du XIXe siècle, c’est aussi la domestication de l’électricité. Quoi de plus hype pour l’époque que le contrôle électrique des érections intempestives ! Des sociétés commercialisèrent alors des appareils permettant de déclencher une sonnerie d’alarme dans la chambre des parents dès que le sexe de leur enfant chéri dépassait un diamètre fixé à l’avance.
3. Autre instrument sadique, un étui en cuir dans lequel on fourrait le sexe du jeune homme et qui était attaché au pubis… par les poils. À la moindre érection, l’allongement de longueur tendait les attaches et arrachait les poils, causant une douleur suffisante pour chasser durablement toute pensée impure.
4. La cage de chasteté. Vieux comme le monde et indémodable. D’ailleurs, ça existe toujours, je me suis même laissé dire que certains adorent et s’y enferment volontairement. Les modèles actuels sont toutefois sûrement plus confortables (et adaptables aux différentes morphologies…) que ce modèle en laiton.
5. Aller tripoter le sexe de son fils pour y installer un anneau pénien, un détecteur électronique d’érection ou une cage de chasteté, c’est quand même gênant. Aussi certains médecins proposèrent tout simplement d’attacher tous les soirs les mains des garçons tentés par la masturbation. Par exemple dans le dos, ou bien à la tête du lit avec des menottes.
6. Les mesures coercitives, c’est bien, la prévention, c’est mieux. Dès le milieu du XIXe siècle, les Presbytériens suggérèrent que manger des aliments fades et peu épicés devait faire perdre au corps l’habitude du plaisir des sens et par extension, le goût du plaisir charnel. C’est ainsi que le révérend Graham inventa ses crackers et que le Dr Kellogg inventa ses corn flakes. Et c’est vrai qu’en regardant un bol de grains de maïs soufflés, on n’a pas trop envie de se branler.
Ce qui est intéressant, c’est que la répression du plaisir est aujourd’hui une pratique SM répandue, et ça ne devait pas être différent à l’époque. Je vois passer tous les jours dans ma timeline twitter des photos de pratiques bien plus terrifiantes que les appareils ci-dessus ! On peut donc se demander à quel point ces mesures, au lieu de ramener les jeunes garçons sur le droit chemin de la sexualité reproductive, ne les ont pas au contraire encore plus excité et poussé vers davantage de déviance…
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