23h30. Pour la centième fois de la journée, je vérifie que mon portable est bien allumé, qu’il n’est pas sur vibreur, que la sonnerie est réglée assez fort, que la batterie n’est pas déchargée. Mais non, tout va bien. Tout est normal.

Je ne peux pas me permettre de rater un seul SMS. C’est la règle du jeu. Douze heures de soumission totale. Douze heures pendant lesquelles il peut, à n’importe quel moment, autant de fois qu’il le souhaite, me demander de le sucer. Un message de sa part et je dois rappliquer dans l’instant pour m’occuper de sa queue, où qu’il se trouve, quelle que soit l’heure. C’est la Règle.

Le jeu a commencé officiellement ce midi. Il n’a pas perdu de temps, à 12h02 je recevais déjà un premier SMS. La journée passera vite, a-t-il dû se dire, autant rentabiliser au maximum ! Surtout que cette première pipe fut bien brève… Quelques coups de langue à peine et j’avais la bouche pleine de foutre. L’excitation de la rencontre, le sentiment d’assouvir un vieux fantasme, le désir trop longtemps retenu – nous nous préparions à cette journée depuis des semaines – je suppose que tout ça contribua à ce qu’il vienne si vite. Oui, c’était la première fois que nous nous rencontrions. C'était le genre de plan qu’on ne pouvait réaliser qu’avec un inconnu. Notre psychologie est ainsi faite qu’on a du mal à réduire un ami en esclavage alors qu’on y parvient très bien avec un parfait étranger, et moi, je voulais être esclave, sur ce coup-là.

À peine avais-je eu le temps de rentrer chez moi faire un brin de toilette qu’un deuxième SMS arrivait. Je m’y attendais un peu, après cette première pipe trop rapide. Cette fois-ci, évidemment, nous pûmes tous les deux en profiter un peu plus longuement.

Bip bip bip ! Troisième SMS. Je rappliquai aussitôt chez lui et sans un mot tombai à genoux, comme l’exigeait la Règle. Tout en m’appliquant à le satisfaire, je pensais, pourvu que la quatrième demande soit un peu plus exotique… Non pas que l’aventure devienne lassante, mais le sexe se nourrit de variété ! Je lui glissai une allusion à ce sujet en le quittant. Quatrième SMS. Tiens, il a compris le message : pour cette fois, je dois le rejoindre au supermarché du coin où il fait ses courses, pour une petite gâterie dans les toilettes. Hum, un lieu public, quelle délicieuse idée ! Une heure plus tard, cinquième SMS. Un parking souterrain. Sixième SMS. Chez un pote à lui qui nous regardera faire, le pantalon de son survêt' déformé par une énorme bosse à l’entrejambe – interdiction qu’il participe, la Règle, toujours la Règle ! Septième SMS. Huitième SMS. Il a de plus en plus de mal à jouir et quand il éjacule, ce ne sont plus que quelques gouttes. Mais il en veut encore. Neuvième SMS. Dixième SMS.

23h45. Plus qu’un quart d’heure avant que minuit ne sonne la fin du jeu. Je ne lâche plus mon portable des yeux. Je n’ai jamais été aussi excité de ma vie. Pourvu qu’il m’envoie encore un dernier SMS…

0
Laisser un commentaire